L’intégrine ALPHA5BETA1

Malgré de nombreuses études menées sur la peau affectée par le vitiligo, la pathogénie exacte de cette dermatose n’a pas encore été déterminée. Différents mécanismes pathogéniques ont été proposés au cours des années, notamment l’auto-immunité, les métabolites cytotoxiques et les composants génétiques ou neuronaux. Aucun modèle décrivant les interactions entre tous ces facteurs ne s’est jamais révélé convaincant. Nos études ont permis de confirmer que le principal facteur prédisposant pour le développement du vitiligo est un déficit d’adhésion des mélanocytes et qu’un traumatisme mécanique ou divers facteurs de stress chimiques peuvent être les principaux événements déclencheurs. Le vitiligo est donc une maladie causée par un détachement chronique des mélanocytes et la mélanocytorragie est la perte transépidermique de ces cellules.

Les interactions entre les mélanocytes et la membrane basale sont médiées par différentes molécules, en particulier par les intégrines alpha5beta1. La perte d’adhésivité des intégrines alpha5beta1 causée par un traumatisme ou par des facteurs de stress de type chimique est la première étape pathogénique qui conduit au vitiligo. Toutefois, cette première étape n’est jamais observée dans une peau normale, même si des traumatismes et des facteurs de stress chimiques peuvent être présents. Une sorte de facteur d’amorçage (priming factor) doit donc être présent pour permettre aux plaques vitiligoïdes de se développer. Ce facteur a été identifié comme étant la protéine MIA.

Le détachement actif des mélanocytes

Le détachement actif des mélanocytes et les intégrines alpha5beta1 sont également impliqués dans le mélanome malin. Le mélanome malin est le cancer de la peau le plus grave et sa forme métastatique est associée au pire pronostic. La dissémination métastatique semble être médiée par le détachement actif des cellules tumorales et ce détachement est causé par une petite protéine sécrétée directement par les cellules de mélanome et appelée «Melanoma inhibitory activity» (MIA – activité inhibitrice du mélanome). Il a été démontré que la MIA interagit avec les intégrines alpha5beta1 en se liant à ces protéines à la surface cellulaire et en modulant leur activité, entraînant ainsi le détachement des cellules de la matrice extracellulaire. Il est donc apparu évident que les interactions entre une protéine produite par les mélanocytes malins (MIA) et une molécule d’adhésion mélanocytaire (intégrine alpha5beta1) sont responsables du détachement actif des mélanocytes néoplasiques dans le contexte du mélanome malin.

Nos études avaient donc pour objectif d’examiner l’expression de la protéine MIA également dans la peau des patients atteints de vitiligo et sa relation avec les intégrines alpha5beta1, le but étant de clarifier la pathogenèse possible de cette maladie.

L’étude sur les échantillons de tissu

Dix échantillons de peau atteints de vitiligo ont été inclus dans nos études de laboratoire. Ces échantillons ont été prélevés sur le bord des taches de vitiligo et comprenaient de la peau normo-pigmentée et de la peau dépigmentée. Tous les échantillons de tissu ont été prélevés à des fins de diagnostic. Cinq échantillons de peau normo-pigmentée macroscopiquement normale ont été sélectionnés comme témoins. Lors du prélèvement, aucun patient n’avait d’antécédents familiaux de mélanome et tous avaient subi un dépistage clinique pour vérifier l’absence totale de ce néoplasme cutané ; de plus, ces patients ne suivaient aucun traitement pour le vitiligo.

Neuf échantillons de biopsie sur dix ont été testés positifs pour la présence de MIA. L’unique échantillon MIA négatif provenait d’un patient souffrant de vitiligo segmentaire (SV), alors que tous les échantillons MIA positifs provenaient de patients souffrant de vitiligo non segmentaire (NSV). Tous les échantillons de contrôle étaient négatifs pour l’expression de MIA. Ces données montrent que 100 % des échantillons présentant un vitiligo non segmentaire étaient positifs pour l’expression de la MIA.

La pathogénie exacte du vitiligo fait encore l’objet de débats et aucun des modèles proposés jusqu’à présent n’est en mesure d’expliquer de manière adéquate le comportement biologique de la pathologie. L’hypothèse auto-immune est actuellement la théorie la plus acceptée. Toutefois, elle n’a jamais pu expliquer l’absence de signes cliniques compatibles avec un processus inflammatoire (caractéristique de toutes les maladies auto-immunes) dans les lésions vitiligoïdes, ni la présence plus importante de taches de vitiligo dans des sites anatomiques bien précis (visage et régions acrales). Par définition, une maladie auto-immune devrait être répartie de façon aléatoire sur l’organe atteint. Nous avons donc envisagé une hypothèse non auto-immune pour la pathogenèse du vitiligo et nous nous sommes concentrés sur le rôle de la MIA et des intégrines. La présence de MIA dans les mélanocytes non tumoraux était totalement inattendue, car les mélanocytes normaux n’expriment pas cette molécule.

Nous avons donc indiqué un nouveau modèle pathogénique pour le vitiligo non segmentaire.

Le rôle de la MIA

L’ancrage normal des mélanocytes à la membrane basale, médié par les intégrines alpha5beta1, est perturbé par la protéine MIA. Cette première étape pathogénique est nécessaire et indispensable au développement du vitiligo (le «facteur prédisposant ou d’amorçage»). Par conséquent, les stimuli pathogéniques secondaires tels que les traumatismes physiques, le stress oxydatif ou les auto-anticorps peuvent entraîner la perte de mélanocytes par exfoliation cutanée (avec le flux de kératinocytes qui circulent de bas en haut dans l’épiderme, entraînant ainsi les mélanocytes qui ne sont pas ancrés). Ce modèle explique efficacement l’absence de signes cliniques d’inflammation dans les taches de vitiligo et la présence plus importante de ces taches dans des sites anatomiques bien précis. Selon notre hypothèse, les mélanocytes ne sont donc pas détruits par le système immunitaire, mais ils s’en vont «silencieusement». Les mélanocytes se détachent de la membrane basale vers la couche cornée et s’exfolient avec les kératinocytes environnants. Ce processus est parfaitement compatible avec l’absence de réponse inflammatoire.

En conclusion, ces études démontrent que la protéine MIA est présente dans la peau affectée par le vitiligo non segmentaire et qu’elle peut causer le détachement des mélanocytes, conduisant à la formation de taches achromiques en réponse à différents stimuli, sans provoquer de processus inflammatoire dans le tissu cutané. Comme cela a déjà été observé dans le cas du mélanome malin, dans le vitiligo aussi, la cible de la MIA est l’intégrine alpha5beta1, ce qui entraîne la rupture et/ou à l’affaiblissement des liaisons entre les mélanocytes et la membrane basale. Toutes ces observations permettent de reconstituer le puzzle complexe du vitiligo et ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques et au développement de traitements ciblés visant à inhiber l’action de la MIA pour soigner le vitiligo non segmentaire.

1. Le mélanocyte sécrète la protéine MIA et déclenche le développement des taches blanches

2. La protéine MIA rompt le lien entre les mélanocytes et la couche basale

3. Le mélanocyte se détache et provoque la formation de taches dépigmentées

DR MATTEO BORDIGNON – DERMATOLOGIE ET RECHERCHE

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Le docteur Bordignon exerce l’activité de dermatologue indépendant seulement en présentiel et exclusivement en Italie, dans des établissements de santé d’excellence à Padoue, Thiene (Vicence) et Bassano del Grappa (Vicence).

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